Le Bureau de la Réalité Linguistique est un travail artistique participatif engagé par Heidi Quante et Alicia Escott qui se concentre sur la création d’un nouveau langage, une manière innovante de mieux comprendre un monde qui change rapidement suite au changement climatique causé par l’activité humaine ainsi que d’autres événements de l’Anthropocène. La vision du travail artistique est de proposer de nouveaux mots pour exprimer ce que ressentent et expérimentent les gens à mesure que le monde change et que le réchauffement climatique s’accélère. Nous utilisons ces nouveaux mots pour faciliter les échanges à propos de ces expériences importantes et de permettre ainsi une meilleure évolution culturelle autour du changement climatique.
Ce projet a été inspiré suite à des expériences qu’Heidi et Alicia ont vécues sans avoir les mots pour décrire des émotions, idées ou situations dans lesquelles elles se sont retrouvées, et ce en raison du changement climatique.
Heidi et Alicia découvrent alors qu’elles ne sont pas seules – des amis, collègues et personnes qu’elles ont rencontrées dans leurs cadres professionnels respectifs ressentaient aussi ce manque de mots.
Un principe appelé relativité linguistique (aussi connu sous le nom d’hypothèse Sapir-Whorf), soutient l’idée que le langage affecte précisément la manière dont chaque orateur conceptualise son univers tout entier et ses processus cognitifs qui souvent façonnent leurs actions. C’est dont le terme relativité linguistique qui a inspiré le nom de Bureau de la Réalité Linguistique.
The Mission of the Bureau
Nous jouons avec ce terme mais croyons que tant que nous n’aurons pas le langage pour décrire le monde qui change autour de nous, nous ne serons pas capable de le saisir ni de trouver les réponses à ce qui est en train de se produire.
Quelques exemples du pouvoir des mots:
Le mot « génocide » a été créé par l’avocat Raphael Lemkin dans les années 1940 pour décrire « la destruction d’une nation ou d’un groupe ethnique ». Il créa ce mot en combinant le grec genos γένος, “race, personnes” et le Latin cīdere “tuer”
Une fois ce mot créé, un phénomène devint réalité. Maintenant, quand les gens entendent ce mot, cela appelle à une compréhension globale de ce tragique phénomène humain.
Ils sont capables d’utiliser ce mot dans des conversations et des débats et les personnes qui entendent ce mot comprennent la réalité qu’il comporte.
En 2002, lors d’une rencontre entre géologues, Paul Crutzen, gagnant du prix Nobel de Chimie Atmosphérique, en avait marre d’entendre les gens utiliser le terme « Holocène » pour décrire le temps présent. Il présenta alors le mot « Anthropocène » comme un terme bien plus précis. Anthropocène est un nouveau terme de chronologie géologique pour l’époque en question qui commença lorsque les activités humaines eurent un impact global significatif sur les écosystèmes terrestres. Nombreux sont ceux qui citent l’ère Anthropocène comme ayant commencé avec la Révolution industrielle. Le mot Anthropocène est maintenant largement utilisé dans le monde universitaire, le monde artistique et apparait de plus en plus dans des articles de presse.
Nos mots ont besoin de refléter nos réalités actuelles, pour nous aider à codifier les choses que nous vivons, comme un monde qui change rapidement à cause du changement climatique.
Nous pouvons admettre que tous les mots générés lors de cette démarche créative n’apparaissent pas dans les lexiques universels. Ce n’est pas grave. Notre but est de déclencher des conversations profondes afin d’aider nos cultures à mieux appréhender nos réalités et à mieux les exprimer. Et ainsi inspirer un changement culturel afin d’aborder un monde qui change rapidement en raison du changement climatique généré par l’activité humaine.